De Marseille
À Marseille, le foot fonce tombeau ouvert dans le mur, et bien naïfs ceux qui ricanent en se disant : « Ah, ces Marseillais ! Ils ne changeront pas… » Car le énième suicide en direct du plus grand club français au monde, en cours depuis samedi dernier, ressemble au cyprès qui cache la forêt. Annonce-t-il avec un peu d’avance l’agonie générale d’un système économique ? Possible, car la bulle du foot pourrait crever si les pertes potentielles de la Ligue 1 atteignent cette saison les sommets redoutés, au moins 800 millions d’euros, peut-être 1,3 milliard, selon la Ligue de football professionnel et la DNCG (direction nationale du contrôle de gestion), le gendarme financier du foot. À Marseille, on visualise la catastrophe en avant-première. Comme dit la devise officieuse du club, « À jamais les premiers ».
On s’explique : le foot français n’a plus d’essence, les droits télé ont fondu de moitié après la faillite de Mediapro et sous la pression de Canal+ qui les a récupérés à vil prix (lire l’épisode 151 de l’obsession L’empire). En plus, les stades sont vides à cause du Covid. Financièrement, les clubs jouent leur survie. Sportivement, l’OM est dans une mauvaise passe. Les supporters, eux, bouillonnent dans leur for intérieur. Où exprimer leur mécontentement ? Pas au Vélodrome mais à la Commanderie, pardi, où ils se sont retrouvés à plus de 300 samedi dernier. OK, une centaine ont dérapé, pénétré dans le centre d’entraînement et semé le waï. Y’a des dégâts matériels.