Et si on parlait un peu brouzouf ? L’OM a montré avec talent comment remonter un déficit de buts, contre Leipzig en Ligue Europa (lire l’épisode 11, « Garçons, une demie ») puis à Troyes dimanche dernier – mené 1-0, puis 2-1, Marseille l’a finalement emporté. Mais un déficit dans les comptes, ça risque d’être plus compliqué. Comme la Direction nationale du contrôle de gestion l’a confirmé vendredi 13 avril, le club est sorti de la saison 2016-2017 avec un trou dans la chaussette de 42,4 millions d’euros. Hé hé, mais ça nous fait déjà un titre, pile poil dans le « Champion Projet » du proprio Frank McCourt et du président Jacques-Henri Eyraud !
Parmi les clubs déficitaires, l’OM bat Lille (- 40,5 millions), le PSG (- 18,8 millions) et Bordeaux (- 14,5 millions). Justement, l’OM reçoit Lille ce samedi. Ce sera donc le sommet des déficits, le « deficitico » dirait Canal+. Mais tout n’est pas noir. Qualifié pour la demi-finale de la Ligue Europa – contre le RB Salzbourg les 26 avril et 3 mai –, l’OM touchera des droits télé supplémentaires, un surplus en billetterie et les millions que versera l’UEFA. Cet argent bienvenu comblera le trou à mesure qu’il se creuse, puisque la masse salariale a augmenté sérieusement depuis la saison dernière. Le foot, c’est un mix entre le tonneau des Danaïdes et le rocher de Sisyphe, nous dirait Konstantinos Mitroglou, penseur grec du XXIe siècle.

Autre chiffre de la DNCG : pour les seuls droits télé, Monaco a palpé 64,6 millions d’euros en atteignant la demi-finale de la Ligue des champions l’an dernier. Voilà pourquoi l’OM doit à tout prix finir troisième de L1– ou gagner la Ligue Europa qui donne derechef un billet pour la « grande » coupe d’Europe. Sinon, The Taulier et le Prez’ seront contraints de se farcir quelques attaques de fourgons pour récupérer du bifton.
Cette importance des droits télé rend incompréhensible le fait que la ville de Marseille les a totalement occultés dans son calcul du loyer demandé au club pour le Vélodrome, ce qui a conduit Laurent Lhardit à déposer une requête devant le tribunal administratif, le 9 avril dernier. Le conseiller communautaire socialiste y réclame l’annulation de la convention passée en octobre 2017 entre la ville et le club, qui prévoit pour la période 2017-2020 un loyer compris entre 5 et 9 millions d’euros annuels, avec une part fixe et une part variable basée sur les résultats financiers (lire l’épisode 2, « Le Vélodrome, stade décisif »).