Comment décrire cette transe collective qui jette d’un coup des milliers de Marseillais dans la rue, vers la Canebière et le Vieux-Port ? Elle enivre dans le même délire des jeunes torse nu et fumigènes dans les bras, des vieilles en peignoir, des clochards rigolards, des flics obligés de s’éclipser, des camions bennes qui klaxonnent, des motards qui font brûler leur pneu arrière, et ce chant qui résonne partout : « Jean-Michel Aulassssssssss, on va tout casser chez toi ! » (lire l’épisode 13, « “Frère, c’est la folie, le bordel !” ») ? C’était ce jeudi soir, c’est Marseille, c’est la finale de la Ligue Europa, où nous emmène un défenseur aux pieds carrés, Rolando. Le Colosse-Du-Cap-Vert est sorti du banc des remplaçants pour dégainer une reprise d’avant-centre sur un corner qui n’aurait jamais dû être sifflé. Il a pris par surprise la place des hommes forts de l’OM, qui ont failli, sauf le gardien, Yohann Pelé, habilement rebaptisé par La Provence « la montagne Pelé ». Jusqu’à ce coup de patte du grognard portugais, Marseille, c’était le port de l’angoisse. 116 minutes à souffrir puis « la délivrance », comme titre vendredi sur son cahier sports le quotidien marseillais, qui a mis le paquet, consacrant treize pages à l’événement. Ça les vaut : quatorze ans que l’OM n’était pas allé en finale européenne. Ce sera la cinquième pour le club – oh, au PSG, vous en êtes à combien, déjà ?
Ce vendredi, La Provence apporte une info capitale dès son édito : la Bonne Mère va renforcer son stock avec « des milliers de cierges » en prévision de la finale, le 16 mai, contre l’Atletico Madrid – qui a éliminé Arsenal (1-1 puis 1-0).