De Marseille
L’Olympique de Marseille est-il cet ogre qui méprise les clubs de football amateurs de la ville, ignorant leurs éventuelles pépites qui partent ailleurs, comme la plus célèbre d’entre elles, Zinédine Zidane, qui n’a jamais joué dans le club marseillais ? Cette réputation lui colle à la peau et la nouvelle direction tente de s’en défaire. Elle a lancé il y a un an un projet appelé « Next generation » – et vous savez qu’on adore les projets, chez le nouveau proprio Frank McCourt (lire l’épisode 1, « Frank McCourt, droit à la culbute »). 21 clubs amateurs ont signé avec l’OM une convention qui leur accorde quelques avantages et surtout plus de considération. Certains n’y voient que de la poudre aux yeux, mais d’autres y croient, comme Omar Keddadouche, le président de l’ASC Vivaux Sauvagère (ASCVS), club du Xe arrondissement de Marseille. On l’a rencontré pour qu’il nous explique, dans cette série qui vous conte l’Olympique de Marseille côté foot et côté ville, comment on vit à l’ombre de cet encombrant géant.
Mais d’abord, il faut revenir sur une des gros faiblesses de l’OM : son centre de formation, classé 20e sur 35 clubs de Ligue 1 et Ligue 2 par la Fédération française de football pour la saison 2016-2017. Lyon, que l’OM accueillera en championnat le 18 mars pour un des sommets de la saison, domine ce classement, devant Monaco et le PSG. Lyon, l’antithèse de Marseille : la formation y est choyée depuis des années, et le club s’arrange pour ne pas rater un espoir dans sa zone géographique. Là où l’OL a noué des liens avec les clubs locaux, la méfiance est de tradition à Marseille.
Depuis les années 1970, l’OM passe pour un club qui préfère acheter des stars plutôt que de lancer des jeunes du centre de formation, même s’il le fait davantage ces temps-ci, avec Maxime Lopez ou Boubacar Kamara. Et les parents ne lui font pas forcément confiance, les joueurs qu’il forme non plus. En 2016, Bilal Boutobba, espoir de l’OM dont il fut le plus jeune joueur à entrer en jeu avec les pros (à 16 ans et trois mois, en 2014), a refusé de signer un contrat professionnel à 8 000 euros mensuels, avec logement et voiture. « C’est une belle offre, c’est même fabuleux, expliquait-il à l’époque à La Provence, mais ce n’est pas une question d’argent. J’ai besoin d’un projet sportif et il n’y en a pas ! Si je signe à l’OM, je sais que je me perds. » Depuis, il a signé au FC Séville, où il joue en équipe réserve.
Conscient de ces manques, le nouveau président, Jacques-Henri Eyraud, a annoncé vouloir relancer la formation.