Pendant longtemps, les Danois ont été le peuple le plus heureux au monde ; désormais, ils ne sont plus que deuxièmes. Mais ces temps-ci, on les imagine particulièrement ravis. Imaginez : d’après le Wall Street Journal, ils accèdent désormais à la propriété à des taux d’intérêt inférieurs à ceux du reste de l’Europe. Les économistes parient sur des prochaines créations d’emplois significatives, tandis que le pays affiche déjà un taux de chômage sous la barre des 5 %. Un avenir radieux. Merci qui ? Merci Novo Nordisk. Après cent ans d’une existence somme toute tranquille, la firme pharmaceutique danoise – spécialisée dans le traitement du diabète – a changé de braquet grâce aux ventes mirobolantes de l’Ozempic et du Wegovy. Autorisés sur le marché respectivement en 2017 et 2021, ces traitements contre le diabète et contre l’obésité devraient lui rapporter 6,1 milliards de dollars en 2023. Le succès de ses deux blockbusters est tel qu’il fait pencher la balance de l’économie du royaume. Les billets verts, en particulier, coulent à flot : les recettes américaines des deux médicaments sont si importantes que Novo Nordisk a dû convertir des dollars en couronnes danoises dans des quantités inhabituellement élevées, ce qui a renforcé la devise nationale par rapport à l’euro. La valeur boursière de la firme a atteint 419 milliards de dollars (392 milliards d’euros), soit plus que le produit intérieur brut du pays : 406 milliards de dollars (380 milliards d’euros). De quoi faire passer les deux autres mastodontes de l’industrie danoise, Carlsberg et Lego, pour de sympathiques PME. En septembre, Novo Nordisk est même devenu la première capitalisation européenne, détrônant le géant français du luxe LVMH.