Pour rafraîchir les chambres de bonne qui bouillent sous les toits l’été, l’architecte Eytan Levi pense à recouvrir les toitures mansardées de Paris de terrasses végétalisées sur pilotis, à la façon vénitienne (lire l’épisode précédent, « Sous les toits parisiens, la canicule rend zinzinc »). Sara Gutsatz est plus radicale encore depuis ses fenêtres ouvertes sur le boulevard. « Dans un monde idéal, on rase tous les toits et on fait des jardins à la place », suggère cette mère de famille de 40 ans. Originaire du Vaucluse, elle sait très bien ce qu’il faut faire quand l’extrême chaleur arrive. Aux premières annonces météo, elle se prépare mentalement et compte les nuits qu’elle aura à tenir. Son appartement haussmannien du XIXe arrondissement se transforme en bunker, volets fermés et séparation des corps la nuit pour ne pas se tenir chaud. « Ces moments-là me rendent folle, la ville devient mon ennemie, alors que je l’adore ! », lâche-t-elle avec de grands gestes, sa chevelure bouclée s’agitant au-dessus de délicates montures de lunettes. Quand plus personne ne tient en place à la maison, elle plonge aussi parfois ses deux enfants dans une piscine gonflable clandestine à l’arrière-cour. Que faire d’autre quand il fait 40°C à l’ombre ?
C’est aussi à ce moment-là qu’elle arrête d’écouter les infos pour freiner la montée d’angoisse.