Il y a près de quarante ans, au sein d’un mouvement catholique qui prêchait l’Évangile et l’unité, Christophe Renaudin a été victime d’agressions sexuelles de la part d’un homme charismatique qu’il voyait, de ses yeux d’enfant, comme une figure morale et religieuse. Quarante ans, c’est à peu près la moitié d’une vie. Pour un enfant victime de violences, c’est si peu. À peine le temps d’oser parler et porter plainte, de se heurter aux délais de prescription, de vouloir tourner la page, mais d’être ramené au passé par de nouveaux éléments, l’apparition d’autres victimes de plus en plus nombreuses, elles aussi arrimées à ce qu’elles ont subi… C’est trop peu pour se dire que le dossier est clos, la vérité dite, les responsables confrontés à leurs actes et les témoins à leur inaction.
Alors ces derniers mois, puisqu’une Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase), commandée par la Conférence des évêques de France, entend faire la lumière sur plus d’un demi-siècle de ces violences, Christophe Renaudin s’est convaincu de donner une ultime chance à son combat contre l’impunité et l’oubli. « Ce sera le dernier volet de ce que je peux faire, estime-t-il.