Un jour de novembre dernier, alors qu’on allait rencontrer les greffières du Parquet national financier (lire l’épisode 11, « Greffières de l’être »), rue des Italiens à Paris, les portes de l’ascenseur s’étaient ouvertes sur une silhouette longiligne, grisonnante et moustachue. C’était Renaud Van Ruymbeke, le doyen des juges d’instruction du pôle financier, venu s’encanailler à l’étage du parquet. « Je t’ai lu dans le journal ce matin, Renaud », lui avait glissé une collègue. « Et demain, tu m’entendras à la radio », avait répondu, enjoué, le juge d’instruction, connu pour sa relative liberté de ton dans un métier où elle est très contrainte.
Lorsque Renaud Van Ruymbeke a débarqué rue des Italiens, en 2000, le pôle financier n’avait qu’un an (et le juge 48). Ce bâtiment historique est désormais vide de tout occupant depuis la mi-mai. Nous retrouvons le juge d’instruction dans son bureau flambant neuf, au 15e étage du nouveau tribunal de la porte de Clichy, à Paris, après un invraisemblable parcours jalonné de portiques, de badgeuses et de sas transparents. Quelques jours plus tôt, une équipe de télé avait réussi à monter jusqu’au pôle financier, pour tenter d’arracher quelques images de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, convoquée dans l’affaire Business France (un dossier à retrouver dans notre « Magouillotron »). D’où la question inquiète d’une greffière : « Vous avez vraiment rendez-vous avec monsieur Van Ruymbeke ? »
Cette série a donné la parole à des magistrats du parquet, des policiers, des gendarmes, des greffières, des avocats… Il aurait été dommage de se priver de l’instruction.