Dans une classe peuplée à 100 % de gendarmes, la discipline a quelque chose d’assez naturel. Les 25 élèves en polo bleu ciel ont soigneusement disposé leur blouson sur le dossier de la chaise et ils bavardent très peu. Sur chaque bureau, un écriteau rappelle leur nom et leur brigade. Ils exercent partout en France, de la Savoie à la Charente en passant par le Pas-de-Calais. La plupart ne se connaissaient pas avant cette formation. Depuis bientôt trois semaines, ils partagent les bancs de l’école, prennent leurs repas au mess, dorment à l’internat. Le fort de Rosny, une sorte de caserne géante à une dizaine de kilomètres à l’est de Paris, abrite le Centre national de formation de police judiciaire (CNFPJ). Des gendarmes en activité viennent y passer quelques semaines pour perfectionner leurs techniques de filature, apprendre à présenter leurs enquêtes devant une cour d’assises ou à auditionner des mineurs victimes d’attouchements sexuels. Mais le stage qui nous a attirés dans cette enceinte, le 11 octobre dernier, est consacré à la lutte contre la délinquance économique et financière (raccourci en « DÉFI »). Le cours de la matinée porte sur les marchés publics : ses grands principes, ses règles de procédure et les infractions qui, à chaque étape, peuvent déclencher des enquêtes pénales. Les Jours y ont assisté.
Au dernier rang, un gendarme a aligné sa gourde, ses surligneurs et sa « souris-blanco » au-dessus de son cahier à grands carreaux.