Comment était la vie avec Michel Fourniret entre 1987 et 2003, cette vie conjugale et professionnelle normale en apparence… mais entrecoupée cependant tous les ans, tous les six mois peut-être, de ces petites filles, jeunes filles ou jeunes femmes qu’on enlève, qu’on drogue, qu’on ligote, qu’on viole, qu’on étrangle et qu’on balance dans une rivière, dans un puits, un trou dans la forêt ? « En dehors de la… chose, là…Fourniret était gai », répond benoîtement Monique Olivier, 75 ans, au premier jour de son procès aux assises des Hauts-de-Seine, à Nanterre. Cheveux blancs coupés courts, épaules voûtées et mine sombre, pull blanc et pantalon de survêtement, elle a l’air relativement en forme. C’est la première fois qu’elle comparaît sans son tueur en série de mari. Lors des deux premiers procès, en 2008 et en 2018, ce dernier a été condamné deux fois à perpétuité, puis il est mort en prison en 2021, à 79 ans. Elle aussi est condamnée à perpétuité et ne sortira jamais de prison, elle le sait, quelle que soit la peine qu’elle aura pour ce dossier, où elle encourt de nouveau la prison à vie. On penserait alors qu’elle pourrait se libérer, raconter la vraie histoire.
Entend-elle enfin dire la vérité, dans ce procès programmé jusqu’au 15 décembre, sur ses charges de complicité dans trois assassinats : ceux de Marie-Angèle Domèce, 18 ans, et de la Britannique Joanna Parrish, 20 ans, respectivement en 1988 et en 1990 à Auxerre, et celui d’Estelle Mouzin, 9 ans, en 2003 dans les Ardennes ? Non, elle se présente toujours en victime, comme aux deux premiers procès où elle se cachait derrière Fourniret.