Une fois encore, après les deux procès de 2008 et 2018, une cour d’assises a pris en plein visage l’horreur insondable des seize années de crimes du couple Fourniret-Olivier, entre 1987 et 2003, et le scandale des ratés judiciaires qui ont permis cette abomination, avec une telle violence que les familles ont dû quitter la salle. C’était ce mardi, au moment où Didier Seban, avocat des parties civiles, a fait projeter les photos de Joanna Parrish, une enseignante d’anglais de 20 ans assassinée le 17 mai 1990 à Auxerre, une des trois victimes dont il est question dans le procès de Monique Olivier. Les clichés projetés montrent Joanna Parrish souriante dans un parc. Puis l’avocat demande qu’on fasse passer à Monique Olivier, sans les projeter au public, les photos de son autopsie, qui montrent les marques de strangulation et un visage si tuméfié qu’à l’époque ses amies ne l’avaient pas reconnue à la morgue. Monique Olivier sort ses lunettes, puis se penche sur les clichés et, pour la première fois du procès, devient blême, muette. « Qu’est-ce que vous nous dites ? », demande l’avocat. Silence. « Vous le reconnaissez, le visage de la petite prof d’anglais ? » Silence. Puis elle lâche : « C’est horrible… C’est pas possible… Elle était belle, elle aurait mérité de vivre. Quand on voit la belle fille que c’était à 20 ans, et à cause de moi elle est partie… Si c’était ma fille, même sans être violente, je crois que je chercherais à… » L’accusée s’arrête juste avant de dire que la Monique Olivier d’aujourd’hui chercherait à liquider physiquement la Monique Olivier de 1990. L’idée de l’avocat, c’est de secouer au maximum cette accusée mollassonne, geignarde, au regard vide, qui se pose en victime de son ex-mari, mort en prison en 2021. Pour qu’elle cesse enfin de mentir et livre ses derniers secrets. L’objectif n’est toutefois pas totalement atteint, car la carapace est plus épaisse qu’il n’y paraît.
Je vais dire une chose qui va énerver tout le monde, est-ce qu’un homme ou une femme dit toujours tout à son conjoint ?
Pourrait-il n’y avoir non pas seulement onze meurtres comme établi jusqu’ici (huit déjà constatés dans deux autres procès et les trois visés ici, à Nanterre) mais trente-cinq, comme Michel Fourniret l’a écrit lui-même dans un courrier envoyé à un codétenu ? « C’est peut-être vrai ou pas vrai, c’est exagéré. Dire ça… Je ne sais pas. Ça date peut-être d’avant de me connaître. C’est pas moi qui l’ai incité à faire tout ça. Fourniret, il ne me di[sait] pas tout, il me di[sait] ce qui l’arrange[ait]. Je vais dire une chose qui va énerver tout le monde, est-ce qu’un homme ou une femme dit toujours tout à son conjoint ? Vous ne dites pas tout à votre femme », lance l’accusée à l’avocat.