Le 6 octobre 2010 vers 9 heures, Adrien Fiorello, 22 ans, étudiant en droit à l’université Jean-Monnet de Saint-Étienne, a quitté le domicile de ses parents à Firminy, dans la Loire, où il vivait, pour aller en cours. Le jeune homme, présenté comme secret et taiseux, a demandé à sa mère de venir le chercher à la fac vers 19 h 30. Il n’a pris ni son passeport ni sa carte de crédit, seulement sa carte d’identité et une centaine d’euros en espèces. Depuis ce jour, Adrien Fiorello n’a plus donné signe de vie. L’enquête a démontré que son portable avait borné ce jour-là dans le centre-ville puis à la gare de Saint-Étienne, puis vers 17 h 30 à la gare de Chambéry, en Savoie, à 150 km de là. Une ville où il n’avait aucune attache ni aucune habitude connue. La suite est une énigme. Les années ont passé, remplies de faux témoins et de charlatans prétendant résoudre l’énigme : religieux, sectaires, associatifs, sportifs, détective privé travaillant pour la télévision… L’hypothèse d’une fuite volontaire du jeune homme, désireux de vivre librement son homosexualité, a été écartée. Ses parents veulent le croire encore en vie. « Depuis que tu es parti, nous ne vivons plus, nous nous accrochons aux bons souvenirs de ton enfance, quand nous étions tous heureux, te souviens-tu ? Notre fiston chéri, quel que soit ton choix, nous le respecterons, tu es majeur et libre de faire ta vie », lui écrivent-ils sur Facebook. Ils ont posté des photos de vacances qui le montrent souriant. Cet abîme de tristesse est le sort d’environ un millier de familles par an, celles des disparus dont le sort n’est jamais résolu, un phénomène mal cerné.
En 2018, la cellule de gendarmerie baptisée « Ariane », constituée après l’arrestation en 2017 de Nordahl Lelandais, alors mis en examen pour l’assassinat d’Arthur Noyer et le meurtre de Maëlys de Araujo, a retenu parmi des dizaines d’autres le dossier Adrien Fiorello comme susceptible de lui être imputé. Contacté, le parquet de Saint-Étienne confirme aujourd’hui que cette affaire a été « signalée » et a donné lieu à de nouvelles investigations. Nordahl Lelandais habitait en effet Chambéry à cette époque, avec une jeune femme, dans un logement situé à quelques centaines de mètres de la gare. La police a examiné l’appartement, bien sûr reloué depuis, à la recherche de traces génétiques du disparu, sans succès. L’affaire est toujours en cours, dit le parquet. Il n’a pas souhaité préciser aux