Il est là, assis dans le box des accusés. Derrière lui, un policier en uniforme pour le surveiller. La sonnerie retentit. La présidente, les juges, le ministère public entrent. Karim M., dit « Bylka » – son surnom, en référence à ses origines kabyles –, se lève (lire l’épisode 6, « “Bylka”, un ripou devant la justice »). Mains dans le dos, mode garde à vous, regard impassible. Bylka, c’est un physique de boxeur : trois gros plis dessinent une nuque solidement ancrée sur ses larges épaules. Pull gris moulant et cheveux gris rasés. Son visage partiellement dissimulé par le masque chirurgical ne laisse entrevoir que ses yeux clairs. Ce mercredi 3 février, c’est le premier jour d’audience, la salle est pleine de journalistes, on devine aussi quelques proches des prévenus. En revanche, on ne peut pas ne pas remarquer l’absence de flics à ce procès des policiers de la BAC du XVIIIe arrondissement de Paris qui, Bylka en tête, auraient mis sur un pied un système de racket des dealers du quartier. Une affaire révélée par Les Jours (lire l’épisode 13 de Délits de flics, « Deux “baqueux” pris la main dans le sac »).
Sans sourciller, Bylka scanne la salle et s’assoit. À quelques mètres de lui, un autre prévenu, qu’on aperçoit à peine, Ahmad M. Il est surnommé « l’Hindou », bien qu’il soit pakistanais. 58 ans, cheveux blancs en vrac et pantalon de jogging noir strié de trois bandes blanches sur toute la longueur.