Vive l’inconscient politique des Français ! Il faut bien une explication après tout… Proposée à l’origine par le Front national, reprise par Nicolas Sarkozy et Les Républicains, soutenue finalement par le président de la République et son Premier ministre, plébiscitée dans tous les sondages des semaines entières (à plus de 80 %), la mesure, ô combien symbolique mais inconséquente, de la déchéance de la nationalité pour les binationaux passe donc à la trappe. Chapeau bas. Car avec une telle unanimité entre l’opinion publique et une écrasante majorité de ses représentants au Parlement, l’hypothèse de planter cette réforme relevait de l’irrationnel.
Voilà quatre mois et demi, lorsque François Hollande prononçait son discours de Versailles face au Congrès et au pays traumatisés par les attentats de novembre, un symbole fort avait émergé : celui d’une représentation nationale unie, debout pour l’applaudir, de l’extrême droite au PCF. La fameux mythe de « l’union nationale ». Dans son allocution, le chef de l’Etat proposait une réforme constitutionnelle relative aux pleins pouvoirs et à l’état de siège, tout en annonçant la déchéance de la nationalité pour les binationaux. Tous debout donc, et foin des principes, comme celui pourtant intangible en démocratie de la rupture d’égalité entre citoyens…
Les circonstances exceptionnelles sont un fantasme absolu d’hommes dits d’état.