Splendeur et misère de la politique en cette fin de règne hollandais. Tels les derniers croyants (en la politique, pas en Hollande), ils sont 57 en ce soir de fin mars, dans un amphi-cathédrale blafard de la faculté de droit et science politique de Montpellier - plus de 5000 étudiants inscrits. La moyenne d’âge tourne à plus de soixante ans malgré la présence d’une poignée de « jeunes », tous militants actifs. A priori, ce lieu semblait plutôt captif pour débattre de l’appel initié en janvier en faveur de l’organisation d’une primaire pour choisir un candidat de gauche à la présidentielle.
Mais après un démarrage en trombe (plus de 70 000 signataires en quelques jours), ce projet, porté par des personnalités comme l’économiste Thomas Piketty, la romancière Marie Desplechin, l’écologiste Daniel Cohn-Bendit ou la député PS suivie par Les Jours Barbara Romagnan, traverse un difficile faux plat
, comme l’assumera au micro l’invité du soir, l’eurodéputé EELV Yannick Jadot. Chacun à leur manière, tous les partis de gauche se sont, il est vrai, ingéniés à complexifier et/ou à torpiller cette initiative. Jean-Luc Mélenchon a dégainé sa candidature en solo pour 2017 et lancé sa campagne via une pétition en ligne qui compte à ce jour 90 000 signatures, soit 10 000 de plus que celle de Notre primaire. Son credo : pas de temps à perdre, les gauches sont irréconciliables.
Passons vite sur l’état de délabrement politique et « moral » d’Europe Ecologie dont la numéro 1 Emmanuelle Cosse est entrée au gouvernement en janvier sans l’aval de sa base, tandis que sa figure principale, Cécile Duflot, est pleinement dans l’opposition.