Il a d’abord été surpris. Olivier Faure, l’un des trois députés que Les Jours suivent, a été étonné du timing de la loi El Khomri sur le code du travail. Il ne comprend pas l’enchaînement des séquences : après la déchéance de nationalité qu’il a combattue (lire l’épisode 5, « Symbole contre valeurs »), et les propos du Premier ministre Manuel Valls sur la politique d’accueil des réfugiés de la chancelière allemande Angela Merkel, à présent la réforme du code du travail dont la plupart des propositions ont fait bondir les syndicats et se rebeller une partie de la gauche. La volonté de Manuel Valls de bousculer les tabous
ressemble de plus en plus à l’abandon des fondamentaux de la gauche, constate le député socialiste.
Le texte de la ministre du Travail Myriam El Khomri, contesté dans la rue, devait initialement être présenté le 9 mars en conseil des ministres. Devant les résistances, il a été reporté à ce jeudi 24 mars. Je n’aurais jamais voté ce texte en l’état
, m’explique Olivier Faure, dans son bureau de l’Assemblée nationale, quelques jours plus tôt. Déjà, je n’en voyais pas les conséquences en termes économiques : le discours portait exclusivement sur la facilitation des licenciements pour permettre l’embauche. Or, le problème, c’est plutôt le carnet de commandes.
Selon lui, le texte rognait des droits protégeant les salariés. Dans les mesures proposées, certaines lui semblaient gênantes
voire inacceptables
, comme la possibilité d’apprécier la situation de l’entreprise en se limitant à un socle national, sans prendre en compte l’appartenance à un groupe international en capacité de déplacer ses résultats comptables d’un pays à un autre.

Sur ce texte, Olivier Faure a travaillé à son habitude. Il n’a pas signé de tribune, il a cherché une issue. Il s’est glissé d’office dans le « séminaire » mis en place à l’initiative du gouvernement, composé de députés socialistes censés réfléchir à des changements à proposer à l’exécutif. La première réunion s’est tenue mardi 8 mars, salle Colbert, le lieu de rencontre du groupe majoritaire de l’Assemblée nationale dominée par un tableau de Jaurès à la tribune haranguant les députés.
On ne peut pas seulement tenir un discours de vainqueurs ; la gauche, c’est de ne pas oublier les vaincus.
Emmanuel Macron a fait un plaidoyer construit et intelligent : une défense et illustration de la loi initiale
, raconte Olivier Faure. Mais pour lui,