La première fois qu’Olivier Faure est allé en prison, c’était là. Il venait d’être non pas condamné, mais élu. La prison de Réau se trouve dans la circonscription de Seine-et-Marne, dont il est le député (PS) depuis 2012. Le centre pénitentiaire du Sud francilien compte 650 prisonniers, des longues peines.
En route ce vendredi pour visiter une exposition sur Les Misérables de Victor Hugo montée par des détenus, l’élu socialiste (que suivent Les Jours pour l’obsession Politique année zéro) me raconte sa première incursion dans le monde carcéral, debout dans un RER bondé, de la gare de Lyon à Moissy. Un petit enfant sans place assise crie, sans réveiller un homme solidement endormi. Olivier Faure parle à voix basse parmi les passagers. « La première fois que j’y suis allé, un détenu m’a interpellé pour me dire : “Monsieur le député, on est les mêmes des deux côtés des barreaux.” D’ailleurs, remarque-t-il, on ne sort pas de là en se disant forcément : “Tiens, ils sont très différents de moi.” Souvent, ce sont des pères de famille, ils ont un métier puis basculent pour des dettes, des histoires de couple. Il en faut parfois de peu. » Il se souvient de ses précédentes visites comme d’un petit sondage de l’âme humaine
, mais au-delà, il y voit une réflexion sur la punition et le sens de la peine.

À part pour critiquer la surpopulation carcérale ou regretter le « laxisme » de la justice, peu de discours politiques sont audibles sur la prison. Que vient faire un député à une exposition culturelle conçue par des prisonniers ? Est-ce une démarche de gauche ? Sûrement, si être de gauche, c’est ne pas oublier les marges de la société, comprendre ce qui les a conduits là et comment ils peuvent s’en sortir
. Quelle utilité politique à court terme ? Peut-être aucune.
L’oppression monte au fur et à mesure qu’on passe des portes.
Devant la porte en fer de la prison, le député donne, comme les autres, sa carte d’identité. Au portique, on ne lui demande pas d’ôter ses chaussures qui n’ont pas de talon, alors que plusieurs visiteuses doivent se déchausser. Il entre dans un premier bâtiment, je l’accompagne. Il me glisse : L’oppression monte au fur et à mesure qu’on passe des portes.
J’en compte neuf. Et à chaque fois, le même protocole. Longeant les grillages et les barbelés, nous nous enfonçons dans les entrailles de la prison. Après un dernier portique, dans l’édifice qui abrite les ateliers et la formation, nous débouchons sur un couloir éclairé par la lumière artificielle. Au mur, une affiche de l’exposition sur