Barbara Romagnan est une femme. Cela pourrait – devrait – n’avoir rien à faire dans un article politique. Cela pourrait – devrait – ne rien changer dans sa vie de parlementaire. Barbara Romagnan a une petite quarantaine, des cheveux bruns soyeux et s’habille avec un soin discret. Elle se maquille avec légèreté. On sent qu’elle ne veut rien abdiquer de sa féminité. Cela pourrait – devrait – n’avoir aucune importance à l’Assemblée nationale.
Seulement, seulement, le monde politique a été façonné par des décennies de domination masculine, toujours à l’œuvre. Être une femme politique, c’est souvent être vue comme une femme avant tout. C’est aussi être minoritaire, et parfois considérée comme illégitime. Le Palais-Bourbon est occupé à 73 % par des hommes. Il est présidé par un homme, tout comme le Sénat, tout comme 14 régions sur 17, 91 des 101 départements et 84 % des villes, et comme la République française et le gouvernement. Ce bastion vient d’être le théâtre de révélations qui ont mis la France au balcon. Dans une enquête menée conjointement par Mediapart et France Inter, le député ex-Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Denis Baupin a été accusé par huit femmes, dont quatre à visage découvert, de harcèlement sexuel. Barbara Romagnan n’avait pas eu vent de ces histoires.
Le milieu politique peut favoriser ce genre de dérapages. Il les sécrète. « Les postes de pouvoir sont détenus par les hommes, rappelle l’élue.