Jour de vote sur un texte majeur du quinquennat de François Hollande. Alors que la rue gronde non loin de l’Assemblée nationale, les députés vivent en vase clos un moment d’une gravité particulière. Faire tomber, ou pas, le gouvernement sur un texte – la fameuse loi travail qui a tant divisé la gauche, à l’instar du projet avorté de déchéance de la nationalité – qui ne satisfait personne. Faute de disposer d’une majorité au sein même de la gauche, le gouvernement a choisi de grimer sa faiblesse politique en utilisant la méthode forte avec le fameux 49-3.
Jour de vote donc, et prise de responsabilité « en conscience » pour les trois députés suivis par Les Jours, qui nous expliquent ici comment se construit la décision politique, le choix d’aller (et avec quelles limites) au bout de ses convictions, ce qui forge un collectif ou permet de s’en extraire, ce qu’il faut poser comme jalons pour bâtir une alternative. Nul n’est dupe des jeux politiciens qui obstruent jusqu’à la nausée la compréhension d’un texte de loi qui aura des conséquences sur le quotidien de millions de personnes, et dont le gouvernement ne veut finalement pas débattre avec la représentation nationale. Raison de plus pour en revenir aux fondamentaux de la décision des parlementaires.

Franck Riester, député Les Républicains, l’avait indiqué dès la semaine dernière. Avant même le dépôt d’une motion de censure par sa formation politique, il aurait voté contre la loi travail défendue par Myriam El Khomri. Un parfait contre-exemple de la bonne gouvernance
, disait-il (lire l’épisode 18, « Une loi, trois députés, trois possibilités »).
Ce jeudi matin, à quelques heures de son vote, il se dit peu surpris
par l’utilisation du 49-3. Tout cela était écrit d’avance et je ne m’en réjouis pas. Le pouvoir n’a plus de majorité pour faire adopter une réforme économique et sociale.
Il s’inquiète aussi de l’effet que va produire cette nouvelle crise politique sur un pays déjà à cran et où la défiance vis-à-vis des politiques atteint un niveau dangereux
. Engagé aux côtés de Bruno Le Maire pour la primaire de la droite, il a déjà expliqué ici pourquoi il était à ses yeux vital de réformer les pratiques politiques
en limitant notamment le cumul des mandats, y compris dans le temps et des institutions qu’il juge à bout souffle
. En cohérence avec son groupe politique, il vote donc la censure. Mais sans la légèreté qu’offre traditionnellement l’opposition.