A l’été 2009, la fine équipe d’Europe Écologie vient tout juste d’être élue au Parlement européen (lire l’épisode 2, « Jadot, l’hyperactiviste »). Ils sont quelques-uns à boire une bière en terrasse, place du Luxembourg, à Bruxelles. Une députée de la bande, issue de la société civile, arrive avec une pile de bouquins politiques. « J’ai décidé de clarifier si je suis de gauche ou de droite, je me donne deux mois », lance-t-elle aux autres. « Yannick, ça le faisait halluciner ! Parce qu’il est de gauche. À l’époque, lui, il était déjà structuré idéologiquement », se rappelle Damien Demailly, polytechnicien qui bossait au WWF et vient alors d’être recruté comme assistant parlementaire par Yannick Jadot. Le don d’ubiquité est désormais nécessaire pour suivre ce dernier, à la fois eurodéputé bizut et jeune intégré à l’écologie politique française.
Sur la première scène de théâtre, celle du Parlement européen, il est aussi perdu que les autres dans le dédale des couloirs. « En revanche, dès la première réunion de groupe, il est bluffant, il a un côté grande gueule. Les Allemands sont nombreux et installés, mais quand Yannick n’est pas d’accord, il n’attend pas la permission pour parler », précise Damien Demailly. Dans le bureau de Daniel Cohn-Bendit, alors président du groupe Les Verts/Alliance libre européenne, qui roule déjà sa bosse ici depuis quinze ans, on apprend les rouages et on regarde le foot. Et on bosse parce que les dossiers européens ne sont pas une sinécure.