En janvier 1961, la série télévisée vedette du réseau CBS, la fameuse Quatrième Dimension, choisit de diffuser un épisode, cent ans après la présidence d’Abraham Lincoln, sur l’assassinat dont il fut victime. Dans la fiction, le héros Peter Corrigan se retrouvait projeté dans le temps le 14 avril 1865 avec la capacité d’interrompre le funeste complot visant Lincoln. Cette permanence dans la mémoire collective situe bien comment l’assassinat de Lincoln fut, avant celui de JFK, un traumatisme national considérable. Les raisons en étaient multiples, et en premier lieu une évidence. Si la tentative de Richard Lawrence sur Andrew Jackson en 1835 fut un échec (lire l’épisode précédent), celle de John Wilkes Booth sur Abraham Lincoln réussit. Pour la première fois de l’histoire de la jeune république, un citoyen étasunien avait tué le commandant en chef de la nation, celui censé incarner l’Union.
Le contexte semble devoir l’expliquer : en avril 1865, les États-Unis aperçoivent à peine la fin de la guerre civile ayant opposé pendant quatre ans les États du Nord, défendant l’Union, et onze États du Sud sécessionnistes, ayant fondé une confédération après l’élection d’Abraham Lincoln, républicain d’Illinois en novembre 1860. Les confédérés sudistes avaient jugé que Lincoln et ses amis républicains au Congrès leur imposeraient une fin rapide de l’esclavage considéré comme indissociable de leur mode de vie et de leur économie cotonnière.