En 1993, dans le film d’action hollywoodien In The Line of Fire, Frank Horrigan, agent vétéran du Secret Service incarné par Clint Eastwood, se demande ce qu’il aurait dû faire trente ans plus tôt pour sauver JFK à Dallas, alors qu’il est confronté à la menace d’un nouvel illuminé obsédé par le président des États-Unis. Cette interrogation métaphysique de l’agent de fiction Horrigan
Car après l’assassinat de William McKinley en 1901 (lire l’épisode 3, « Garfield et McKinley, sous protection reprochée ») , une protection permanente du président des États-Unis s’impose. Dès 1902, le Secret Service est assigné officiellement à cette mission et le Président est flanqué dans tous ses déplacements de deux gardes du corps. Pour la première fois, le Congrès des États-Unis attribue pour 1907 un budget annuel au Secret Service. Dès lors, le service connaît une croissance rapide de ses moyens. À la fin de la Première Guerre mondiale, Woodrow Wilson compte huit à dix gardes du corps du Secret Service et en 1917, le Congrès a étendu cette protection à la famille présidentielle ainsi qu’au président élu non encore investi. Lorsque Wilson se rend à Versailles en décembre 1918 pour négocier le traité mettant fin au conflit mondial, il est accompagné d’une escorte personnelle de dix agents, parmi lesquels s’illustre Edmund W. Starling qui, à cette occasion, aurait désarmé un forcené visant le président du Conseil français, Georges Clemenceau.
La Maison-Blanche, elle aussi, se claquemure, rompant avec les habitudes démocratiques de la République du XIXe siècle. En 1903, lors de la présidence de Théodore Roosevelt, 45 policiers de Washington stationnent à la Maison-Blanche et sur ses pelouses, douze autres sont répartis à l’intérieur du bâtiment pour surveiller les allées et venues. Le président des États-Unis devient inaccessible à ses concitoyens sans un contrôle préalable strict. Dès 1917, le Congrès criminalise aussi les menaces, en parole ou par courrier, contre le Président. En 1918, Elias Gracely, un fermier d’Ohio, est condamné à treize ans de pénitencier fédéral pour avoir menacé le président Wilson.