À ses premiers jours de prison en France en 2016, Salah Abdeslam avait posé une question qui avait laissé son premier avocat français, Frank Berton, interloqué : « Combien je risque, maître ? » Le seul survivant du commando de tueurs du 13 Novembre ne comprenait sincèrement pas que même s’il n’avait pas tué lui-même, il était considéré juridiquement comme coauteur du carnage et encourait donc à ce titre la peine maximale du Code pénal, la réclusion criminelle à perpétuité avec 22 ans de sûreté. Six ans plus tard et après 112 audiences de son procès, il ne semble toujours pas avoir abandonné l’espoir d’être considéré comme, somme toute, un acteur secondaire de l’affaire. Il l’a dit sans complexes, il espère bien revoir la lumière du jour et pas forcément avec des cheveux blancs.
Jeudi 14 avril, au terme de deux jours où il a enfin, et pour la première fois, livré in extremis un récit détaillé de son parcours la nuit du 13 novembre, il s’est adressé directement aux familles des 131 morts et aux parents des centaines de blessés, présents en masse dans la salle d’audience. C’était en quelque sorte une démarche de kamikaze du box, décidé à tenter le tout pour le tout pour sauver sa peau.