Il sera l’ultime prévenu à être interrogé. Nicolas Sarkozy a boudé toutes les audiences, mais il est annoncé à la barre du tribunal correctionnel de Paris cette semaine, mardi 15 juin. Président-candidat en 2012, il comparaît pour financement illégal de campagne électorale. Ceux qui l’ont précédé à la barre s’en sont tous tenus, à quelques éléments près, aux versions des faits livrées lors de l’instruction. Après trois semaines de débats, les responsabilités des uns et des autres semblent toujours aussi difficiles à démêler, dans ce théâtre d’ombres où s’entrecroisent les logiques politiques et la volonté de ne pas porter le chapeau pour d’autres. Et pourtant, les chiffres de la fraude donnent le vertige : les dépenses de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 ont dépassé de près de 20 millions d’euros le plafond autorisé, légalement fixé à 22,5 millions d’euros. Les fonds ont été puisés dans les caisses de l’UMP, via de fausses factures pour quelque 70 conventions fictives supposément organisées par le parti. Pour rappel, les caisses des partis politiques sont largement abondées par des financements publics, mais aussi par les dons de personnes privées, ouvrant droit à une réduction fiscale à hauteur de 66 %.
Au soir du 6 mai 2012, à l’issue du second tour de la présidentielle, Nicolas Sarkozy a totalisé 48,36 % des voix, contre 51,64 % à son adversaire, François Hollande. Ce sont 16 860 685 personnes qui se sont déplacées aux urnes pour glisser un bulletin de vote en sa faveur. Pourtant, malgré l’ampleur de l’enjeu, les membres de son staff de campagne ne se sont pas montrés particulièrement coopératifs pour faire progresser la vérité lors des audiences. Loin s’en faut. Le directeur de campagne, Guillaume Lambert, a affirmé n’avoir jamais eu vent de la fraude et Jérôme Lavrilleux, directeur de campagne adjoint, a déclaré ne l’avoir apprise qu’après le second tour (lire les épisodes 7 et 8). À l’UMP, le personnel administratif a renvoyé la faute vers la direction politique du parti (lire l’épisode 6, « Bygmalion : l’UMP en dérobade trip »), visant expressément le même Jérôme Lavrilleux, qui était aussi directeur de cabinet du secrétaire général du parti de l’époque, Jean-François Copé