Plus de cinq heures d’interrogatoire et (très) peu de réponses. Dans le procès des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, on guette un moment de vérité au milieu des dérobades. Mais Jérôme Lavrilleux n’a pas réitéré ses aveux. Ce proche de Jean-François Copé était directeur de campagne adjoint pendant la présidentielle 2012. Il est aussi le seul, au sein de l’UMP, à avoir reconnu l’existence des fausses factures qui ont permis de ventiler les montants exorbitants des meetings du Président-candidat jusqu’en mai 2012
La seule chose qu’assume vraiment Jérôme Lavrilleux, c’est d’avoir été mis au courant de la fraude : « Je reconnais avoir participé à un financement illégal de campagne électorale. J’ai juste un problème de temporalité par rapport à d’autres déclarations. » Selon lui, Franck Attal, chargé de l’organisation des meetings chez Event & Cie, filiale de l’agence Bygmalion, est venu le trouver à la mi-mars 2012 à propos de fournisseurs mécontents de ne pas avoir été payés par la campagne du candidat Sarkozy. « Je lui réponds qu’il suffit de faire des factures au nom de l’UMP et, pour moi, le problème est réglé », avance Jérôme Lavrilleux : les partis politiques peuvent prendre en charge des dépenses de campagne, à condition qu’elles soient intégrées aux comptes du candidat, dans la limite du plafond autorisé. La présidente, Caroline Viguier, dont la mission est d’établir les responsabilités des uns et des autres, cherche à comprendre : « Vous avez donc lancé le système de ventilation ? » Réponse négative (et ferme) de l’intéressé : « Ah non ! J’en prends conscience et je l’accepte à la fin de la campagne. »

Problème, Franck Attal a livré une toute autre version au tribunal quelques jours auparavant (lire l’épisode 4, « Au procès Bygmalion, Franck Attal et le bal de la défausse »). La présidente invite celui-ci à se diriger vers la barre, pour une confrontation