Un troisième homme est entré jeudi 29 octobre dans la galerie d’assassins à l’arme blanche qui semble se former spontanément pour animer, à la manière des mouvements jihadistes et de leurs adeptes, le moment historique du procès de l’affaire « Charlie ». Après le Pakistanais de 25 ans Zaheer Mahmoud, qui a blessé gravement deux personnes au hachoir le 25 septembre devant les anciens locaux de Charlie Hebdo à Paris, après le Russe d’origine tchétchène de 18 ans Abdoullakh Anzorov, qui a tué au couteau puis décapité le 16 octobre à Conflans (Yvelines) l’enseignant Samuel Paty, c’est un Tunisien de 21 ans qui a assassiné trois personnes le 29 octobre à Nice.
À 6 h 47, cet homme est arrivé en gare de Nice où il a changé de tenue, montre l’enregistrement de vidéosurveillance, selon le parquet national antiterroriste. À 8 h 13, il est parti à pied vers la basilique Notre-Dame, située à 400 mètres, où il est entré à 8 h 29 et a semé la terreur pendant une trentaine de minutes. Avec un couteau de 30 centimètres, il a tué et presque décapité une fidèle de 60 ans venue prier ainsi que le sacristain de 55 ans. Il a aussi blessé mortellement une autre femme de 44 ans, qui a pris la fuite pour venir mourir dans un restaurant proche où elle s’était réfugiée.
Quatre policiers municipaux sont intervenus peu avant 9 heures dans la basilique et ont tiré quatorze balles, blessant grièvement l’homme qui criait « Allah Akbar » (« Allah est grand »). Il a été transporté à l’hôpital pour être opéré et son pronostic vital était encore engagé jeudi soir. Les policiers ont retrouvé dans ses affaires un Coran, deux autres couteaux, deux téléphones et des papiers montrant sa nationalité tunisienne. Ces documents attestent qu’il est arrivé le 20 septembre en Italie par l’île de Lampedusa, porte d’entrée des migrants qui traversent la Méditerranée sur des embarcations de fortune. Le 9 octobre, il se trouvait à Bari, dans le sud du pays, et ensuite sa trace se perd pour l’instant. Le procureur antiterroriste Jean-François Ricard, qui a livré ces éléments lors d’une conférence de presse, a expliqué qu’une enquête était en cours sur l’environnement de l’assassin, dont l’identité est tenue secrète pour l’instant. Il est inconnu du renseignement français et ses empreintes ne figurent pas au fichier français des traces digitales.

Dans ce jeudi particulièrement émaillé d’incidents inquiétants et d’arrestations diverses