«Au nom de Dieu le clément et le miséricordieux, le seul témoignage que je vais vous apporter aujourd’hui, c’est celui de l’unicité de Dieu. » Le petit homme au crâne rasé qui s’adresse ainsi par vidéoconférence à la cour d’assises en ce 23 octobre, assis à une table dans une prison lointaine, détient sans doute les clés de l’affaire « Charlie ». Il est peut-être celui qui a pressenti que l’attaque contre les dessinateurs et le petit journal français presque oublié de 2015 aurait ce pouvoir de bombe à fragmentation. Il a peut-être compris qu’elle prendrait pour toujours cette allure de secousse tellurique des caricatures, appelant à l’infini d’autres dessins et d’autres « répliques », pour enfin enflammer la communauté musulmane mondiale, « l’oumma », comme en rêvent les jihadistes.
Ce 23 octobre, le banal gamin de jadis du XIXe arrondissement de Paris, Peter Cherif, prend des airs mystérieux. Après avoir récité en arabe la sourate d’ouverture du Coran, il s’enferme dans le silence. Vingt minutes de questions du président et des parties civiles sur son éventuelle participation à la préparation des attentats de 2015 restent vaines.