Lorsqu’il se retourne vers ses avocats, François Fillon n’a pas la même mine grave qu’en première instance. Au terme de plus de trois heures de réquisitoire, il vient d’entendre les avocats généraux réclamer à son endroit une peine de cinq ans de prison dont un an ferme – aménageable sous la forme de la détention à domicile –, 375 000 euros d’amende et dix ans d’inéligibilité. Début 2020, le parquet national financier (PNF) avait requis cinq ans de prison, dont trois seulement avec sursis, ouvrant la voie à un possible passage par la case prison. La perspective avait été confirmée par le tribunal dans son jugement (lire l’épisode 9, « La justice taille un costard à Fillon »), qui avait suivi les réquisitions du PNF. En appel, les magistrats Yves Micolet et Bruno Revel ont également requis une peine plus clémente à l’égard de Penelope Fillon : deux ans de prison avec sursis, 100 000 euros d’amende et deux ans d’inéligibilité, contre trois ans de prison avec sursis et 375 000 euros d’amende en première instance (lire l’épisode 7, « Le parquet fait une proposition ferme à François Fillon »). Contre le suppléant Marc Joulaud, devenu député quand François Fillon est entré au gouvernement Raffarin en 2002, trois ans de prison avec sursis et cinq ans d’inéligibilité ont été demandés.
François Fillon est poursuivi pour avoir salarié sa femme en tant que collaboratrice de 1998 à 2002, puis entre 2012 et 2013, pour des « prestations fictives ou surévaluées ».