C’est en veuf de Farida Hammiche que le retraité du banditisme Jean-Pierre Hellegouarch, crâne rasé et carrure de boxeur, témoigne à la barre de la cour d’assises des Yvelines pour réhabiliter la mémoire de sa bien-aimée, victime oubliée de la justice. « Cela a été très long avant d’arriver à la cour d’assises, j’ai l’impression que Farida a été négligée, toutes nos demandes ont été éludées, on n’en parlait plus, elle ne méritait pas ça », attaque le vieux bandit de 75 ans, d’une voix rauque et gouailleuse qui porte. C’est la première fois de sa vie de voyou que le Breton se retrouve du côté des victimes dans un procès. Pourtant, le président Didier Safar lui reproche d’avoir attendu le premier jour de l’audience pour se constituer partie civile (lire l’épisode 12, « Fourniret, le même en vieux »).
Alors, le bandit relate ses démarches vaines au bureau des personnes disparues de la préfecture de Créteil, « un service spécialisé paraît-il », et puis sa plainte en 1998 au procureur de la République, qui « n’a pas été suivie d’effets ». Il regrette que le cas de Farida ait été « scindé » des assassinats « des autres jeunes filles » (lire l’épisode 7, « Farida Hammiche, morte avant l’or »). Lorsque le couple Fourniret a été jugé en 2008 aux assises des Ardennes, déjà, le veuf de Farida s’étonnait à la barre que son affaire ne soit pas jointe au procès, « c’est comme si on dansait sur sa tombe ». Les activités d’Hellegouarch – « dans l’illégalité, c’est pas un secret » – et « le fait d’être recherché » l’ont « bloqué » dans ses démarches. Découragé par le peu de considération des autorités pour une femme de braqueur, le bandit, qui revendique « un code d’honneur ,» admet franchement qu’il était plus « dans l’esprit de vengeance que de la justice ». « On venait de supprimer une jeune femme en dehors de toute raison. J’avais envie de régler le problème moi-même. »