Le 22 octobre 1987, alors que les braqueurs du gang des postiches sont en prison depuis près d’un an (lire l’épisode 6, « Un trésor six pieds sous terre »), Michel Fourniret sort de celle de Fleury-Mérogis, dans l’Essonne. Condamné à sept ans de prison, dont deux avec sursis, pour une série d’agression sexuelles, il obtient une libération conditionnelle au bout de trois ans et demi. Monique Olivier, rencontrée via une petite annonce, l’attend dehors. Ils s’installent dans un pavillon à Saint-Cyr-les-Colons, dans l’Yonne. Durant sa détention, le couple a entretenu une longue correspondance et scellé un pacte criminel (lire l’épisode 5, « Le pacte diabolique »), dans lequel ils ont prévu d’enlever et de violer « des vierges », mais aussi de devenir riches…
Quelque temps après sa sortie, Michel Fourniret débarque devant la porte de Fleury-Mérogis, flanqué de Monique Olivier, pour attendre dans la file des visiteuses, l’épouse de son ex-codétenu Jean-Pierre Hellegouarch. Le braqueur indépendantiste breton avait été son protecteur en prison (lire l’épisode 3, « L’étrange détenu »). Il reconnaît vite la belle brune qu’il avait vue sur les photos accrochées au panneau de son voisin de cellule au printemps 1984. Michel Fourniret accoste sans hésiter Farida Hammiche, âgée de 30 ans : « Êtes-vous bien la femme de Jean-Pierre Hellegouarch ? » Il lui dit qu’il connaît son homme, ils ont scellé leur amitié derrière ces hauts murs voilà trois ans et demi. Et se sont même engagés à une aide réciproque : le premier libéré donnera un coup de main à la famille de l’autre. Michel Fourniret remet à Farida Hammiche son numéro de téléphone et son adresse à Saint-Cyr-les-Colons. Elle lui note en échange ses coordonnés à Vitry-sur-Seine, dans le Val-Marne, où elle est secrétaire dans une « association de vacances » et où elle étudie le chinois, en licence. Michel transmet son meilleur souvenir à Jean-Pierre, resté à l’ombre.
Au parloir, Farida parle de cette rencontre à son mari qui finit de purger une peine pour vol à main armée, trafic de stups et escroqueries. Jean-Pierre Hellegouarch voit plutôt d’un bon œil ce rapprochement entre sa femme esseulée dehors et cet « imbécile heureux » de Fourniret, qui s’est attaché à lui « comme à une bouée de sauvetage ». « Je les ai laissés approcher, c’était un geste plutôt gentil, je n’ai pas vu le danger. Farida les trouvait amusants. Entre nous, on les appelait “les Popeye” », expliquera le voyou breton.