Un point jaune fluo vole de part et d’autre du filet. Ploc. Ploc. Le bruit de la balle contre les raquettes se fond dans le brouhaha du public venu assister au tournoi du tennis-club de Corbie, dans la Somme, ce samedi 28 juin 1986. Sur le court, une jeune femme s’active. Ce matin-là, la chaleur s’installe déjà sur la périphérie amiénoise. Sous le soleil, Isabelle Mesnage, 20 ans, échange ses dernières balles.
Après le tournoi, on sait qu’il a fait extrêmement chaud ce 28 juin. Plus de 30 degrés au plus fort de la journée, relèvent les archives météorologiques. Mais on ne sait pas ce qu’a fait Isabelle Mesnage après son match. Peut-être est-elle rentrée chez elle prendre une douche. Dans son studio au premier étage d’un des hauts immeubles de la place de la Logette, à Corbie. Peut-être s’est-elle posée quelques instants au frais en regardant par la fenêtre

Cinq jours après le tournoi de tennis, le 3 juillet 1986, le sac à dos reparaît, à moins de 10 kilomètres des courts. Seul, d’abord. Au bord de son champ, à Cachy, un agriculteur trouve la besace et l’apporte à la gendarmerie. Quelques traces de sang la tachent. À l’intérieur, des affaires de randonnée et des papiers d’identité au nom d’Isabelle Mesnage. Les enquêteurs se rendent sur place, s’engagent sur les petits chemins de terre qui bordent la départementale 1029 pour finir dans une clairière du Bois l’Abbé, à quelques kilomètres du domicile de Jacques Rançon, encore inconnu de la justice. Là, les gendarmes tombent sur un corps, face contre terre, à moitié dénudé et en état de décomposition. Les fortes chaleurs du début de l’été et la putréfaction ont attiré les insectes. Malgré tout, le cadavre est identifié comme celui d’Isabelle Mesnage et les gendarmes concluent à un viol suivi d’un meurtre.
J’ai pris un chemin de terre, un petit bois, je me suis arrêté. J’ai déshabillé mademoiselle Mesnage, je l’ai violée dans la voiture. Après, je l’ai étranglée.
« Tout ce qu’on sait de la mort d’Isabelle Mesnage, on le sait par Jacques Rançon », souligne Didier Seban, l’avocat de la famille de la victime.