Son visage apparaît, tuméfié, sur les écrans de la cour d’assises de Seine-Saint-Denis, à Bobigny. Un œil enflé, le nez en sang, une lèvre coupée. Théo L. est allongé sur le sol du commissariat d’Aulnay-sous-Bois. Sur son maillot de foot, bleu électrique, de larges taches de sang sautent aux yeux. Est-il conscient ? Impossible à dire. Ce cliché a été pris par un policier le 2 février 2017, une dizaine de minutes après l’interpellation violente du jeune homme près de la salle culturelle du Nouveau Cap, à l’entrée de la cité des 3 000 (lire l’épisode 1, « Affaire Théo L. : les violences policières à la barre »). Sept ans plus tard, l’image, diffusée à plusieurs reprises à l’attention des jurés, révèle en partie sa violence. On ne voit pas le reste du corps de Théo L. Pourtant, à ce moment-là, ce n’est pas du visage dont l’aspirant footballeur de 22 ans souffre. Il ne le sait pas encore, mais il a alors une plaie de 10 centimètres de profondeur dans la région périanale. Depuis le 9 janvier 2024, trois des policiers présents lors de l’interpellation comparaissent aux assises pour répondre des coups violents portés à l’Aulnaysien. Tout l’enjeu de cette audience est de déterminer les séquelles dont souffre encore Théo L. et les effets que ces blessures auront sur sa vie future.
Marc-Antoine C. est accusé de « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente ».