Alors que des centaines de milliers de manifestants ont encore défilé dans toute la France ce mercredi 15 mars pour marteler que « 64 ans, c’est non » (lire l’épisode 1, « Les 64 ans entre quatre-z-yeux »), le projet de réforme des retraites voulu par Emmanuel Macron n’a jamais été aussi proche de voir le jour. Au même moment, réunis pour la commission mixte paritaire – à huis clos malgré des comptes rendus en direct via Twitter –, quatorze parlementaires sont parvenus à s’accorder sur une version du texte. À la veille de sa possible adoption définitive par le Sénat puis l’Assemblée nationale, que faut-il retenir de ce mouvement social parmi les plus fédérateurs des 30 dernières années ? Pourquoi n’est-il pas parvenu à faire dévier le gouvernement de sa trajectoire ? L’usage possible de l’article 49.3 de la Constitution, qui priverait l’Assemblée nationale d’un vote, peut-il changer la donne ? Dominique Andolfatto, professeur de science politique à l’université de Bourgogne et auteur avec Dominique Labbé d’Anatomie du syndicalisme (Presses universitaires de Grenoble, 2021), analyse les forces et les faiblesses de la mobilisation.
L’incertitude dans laquelle se trouve plongé le gouvernement à la veille du vote de son projet de loi est-elle inédite dans la longue histoire des réformes des retraites ?
Oui, car ceux qui ont mené le même type de réformes par le passé ont toujours disposé d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale.