Quel que soit le sort que l’avenir et les diverses motions de censure lui réservent, Élisabeth Borne est tranquille : dans un mois, pour elle, c’est la quille. À l’orée de ses 62 ans le 18 avril prochain, l’encore Première ministre peut en effet faire valoir ses droits à la retraite. Oui, à 62 ans seulement et, certes, pas à taux plein, mais née en 1961, elle n’est pas concernée par sa propre réforme. Ceci expliquant peut-être le sourire en coin qu’elle affichait ce jeudi 16 mars un peu après à 15 heures à l’Assemblée nationale en annonçant, sous les lazzis et une Marseillaise hurlée à pleins poumons insoumis, qu’elle recourait au 49.3 plutôt qu’en venir au vote sur la réforme des retraites.
Car oui : 49.3 soleil ! Plus personne ne bouge, pas vu pas pris, chat perché, totem d’immunité et tout ce que vous voulez. Plutôt que d’accepter un vote à l’issue incertaine, le président de la République Emmanuel Macron a convoqué, trois quarts d’heure seulement avant le scrutin à l’Assemblée, un conseil des ministres
Vous voterez sur le texte.
Mais attendez, un 49.3 là où, deux jours avant encore à l’Assemblée nationale, une certaine Élisabeth Borne assurait qu’« une majorité existe » et promettait aux députés : « Vous voterez sur le texte » ? Un 49.3 après un week-end passé à débiter en boucle des éléments de langage destinés à faire entrer dans les crânes, que c’est bon, ça passera au vote, pas de 49.3 ? Quitte à menacer les députés macronistes de les exclure en cas de non-vote de la réforme des retraites ?
Eh bien si, un 49.3. Il faut croire qu’on a fait de l’huile à l’Élysée en comptant et recomptant les députés de droite prêts à voter le texte de la majorité. Ainsi, ce mercredi soir lors d’une réunion au Château autour d’Emmanuel Macron, à force de scruter les tableaux Excel, on en arrive à cette conclusion : tout se joue à deux ou trois voix près. Chaud. S’ensuit une rodomontade présidentielle que l’on fait grossièrement fuiter : Macron veut aller au vote, et si ça ne passe pas : dissolution. Brr.