Eh bien, on peut dire que cette intervention d’un président de la République particulièrement mutique tout au long de cette réforme des retraites et de sa vive contestation est une réussite. Établir un parallèle entre les opposants et les putschistes du Capitole aux États-Unis et les partisans d’extrême droite de Bolsonaro au Brésil ? Très inspiré, Emmanuel Macron. Parler de « main tendue aux partenaires sociaux » quand, dans le même temps, le mouvement oscille entre le majeur servi aux syndicats et les torgnoles généreusement distribuées, ces derniers jours, aux manifestants par des forces de l’ordre particulièrement tendax lors des mouvements spontanés nés du 49.3 ? Ingénieux, très ingénieux ! Proposer une « contribution exceptionnelle » des grandes entreprises quand on la refuse depuis des lustres et s’intéresser à « l’usure professionnelle » une fois seulement adoptée la réforme des retraites ? Quelle vista, Président ! Tout cela sur l’air de « est-ce que vous pensez que ça me fait plaisir de faire cette réforme ? Non. Ça ne me fait pas plaisir, j’aurais préféré ne pas la faire », mouvement d’épaules sarkozien à l’appui. Limite, Emmanuel Macron serait dans la rue ce jeudi pour manifester contre lui-même, n’était le « deuxième cap » qu’il a fixé lui-même : « l’ordre républicain ».
La foule, quelle qu’elle soit, n’a pas de légitimité face au peuple qui s’exprime souverain à travers ses élus.
À part à lui-même, le président de la République entendait évidemment ainsi s’adresser au public cible de son intervention simultanée dans les deux journaux de 13 heures de TF1 et France 2.