De Marseille
S’il y a une région où le Rassemblement national (RN) ne compte pas se satisfaire de la deuxième place, c’est bien celle-ci. En 2015, Provence-Alpes-Côte d’Azur est passée sous le nez de la liste frontiste portée par Marion Maréchal. Au premier tour, la nièce était arrivée très largement en tête, avec 40 % des suffrages exprimés. Au second, le candidat Les Républicains (LR) Christian Estrosi avait finalement doublé ses voix (de 469 000 à 1 million) et raflé la mise. Une victoire propulsée par la constitution d’un « front républicain » qui, on vous le donne en mille, avait impliqué le retrait de la liste de gauche portée par Christophe Castaner. À noter qu’à l’époque, le futur ex-ministre de l’Intérieur était encore encarté au Parti socialiste. Et que, dans ce monde d’avant qui paraît dater d’une éternité, La République en marche (LREM) n’existait pas. Et qu’enfin, après l’attentat sur la Promenade des Anglais, le 14 juillet 2016, Christian Estrosi était finalement retourné à la tête de la mairie de Nice, laissant la région au Marseillais Renaud Muselier… Depuis, les étiquettes ont bougé, le casting a changé, mais l’enjeu reste identique. Et pointe, pour la première fois, l’hypothèse d’une victoire du Rassemblement national au second tour, même en cas de retrait de la liste de gauche.
Au fil des meetings politiques et des distributions de tracts de ces derniers jours, on croise des journalistes américains, suisses, canadiens, espagnols, venus relater aux quatre coins du monde occidental la campagne qui pourrait aboutir à la première grosse victoire locale du RN.