Ce samedi matin de juillet, les tirs à l’arme lourde réveillent les habitants de l’immense complexo de Alemão qui regroupe plusieurs favelas du Nord de Rio. Trois heures plus tard, à 10 heures, une cinquantaine de manifestants se regroupent devant la base de l’Unité de police pacificatrice (UPP) de ce quartier. Habitante de toujours, Camilla, 31 ans, est venue avec sa fille protester contre les fusillades quasi-quotidiennes. Pour certains, c’est une chose normale, ils ont grandi dans cette ambiance. D’autres ont peur de se mettre en avant. Mais les gens meurent de balles perdues dans leur salon, alors même s’il n’y pas grand monde, on doit continuer à protester.
Lorsqu’elle termine sa phrase, le téléphérique qui passe au-dessus de nous cesse de fonctionner. Si le téléphérique s’arrête, c’est que c’est la guerre quelque part
, décrypte Camilla. À l’autre bout de la favela, des échanges de tirs ont lieu entre la police et des trafiquants. La manifestation continue mais, par prudence, le trajet a été écourté.
En début de cortège, le cercueil – dans lequel les militants ont mis des papiers avec les noms des tués depuis le début de l’année – attire l’attention des nombreux reporters présents et des habitants. Certains applaudissent, prennent une photo, se joignent quelques instants au petit groupe.