Dans le grenier de la maison de pierres, une flaque de sang d’un mètre de diamètre. On a cherché à la cacher sous des cartons et de la vaisselle, mais elle a coulé entre les lattes du plancher. Tout indique qu’ensuite, le corps, vraisemblablement frappé à coups de poing ou avec un objet contondant, a été tiré hors de la maison. Sur les petites marches qui conduisent à une terrasse, encore des traces de sang. Caractéristiques d’une tête qui a buté. Et puis, plus rien. L’herbe du jardin est intacte. Voilà maintenant près de huit ans que la dépouille de Patricia Wilson est introuvable. Et autant d’années que Jean-Louis Cayrou, accusé et condamné en 2016 à trente ans de réclusion criminelle pour le meurtre de cette Anglaise, se tait. Mais le scénario du meurtre s’est écrit petit à petit. Avec de la science. Et des empreintes digitales. Le gendarme Thierry Guichou, coordinateur des opérations criminalistique (Cocrim) et technicien en identification criminelle (TIC), n’a rien oublié de cette affaire.
Le vendredi 17 août 2012, après un séjour en Grande-Bretagne où elle a acquis un cabriolet, Patricia Wilson, une Anglaise de 58 ans, ancienne cadre dans la pub, regagne sa maison de l’Aveyron : une ancienne ferme située près du hameau des Landes-Basses acquise en 2008. À son arrivée, elle reçoit un appel sur son téléphone fixe de son ex-amant et jardinier : Jean-Louis Cayrou, 50 ans. « Pendant qu’elle était en Grande-Bretagne, il n’a cessé de la contacter : dix à vingt fois par jour. Mais plus rien après cet appel du vendredi. Le couple battait de l’aile. Elle se couchait tard, alors que lui se levait tôt. Ils ne vivaient pas sur le même fuseau horaire » , a reconstitué Guichou. Patricia avait rompu après quatre mois de liaison. Cayrou avait du mal à l’encaisser. « On sait aussi que la maison a été disjonctée dans la soirée » , complète le gendarme, qui dirige désormais la cellule d’identification criminelle de Rodez.
Le lundi, un couple de Néerlandaises, les plus proches voisines de Patricia, passent. La maison est ouverte. Patricia est peut-être partie se promener. Elles reviennent le mardi. Toujours personne. Le mercredi, elles pénètrent dans la maison, découvrent des traces de sang et donnent l’alerte. La gendarmerie signale la disparition inquiétante. L’enquête démarre. Les deux amies font part d’un épisode troublant : un soir, quelques semaines avant sa virée outre-Manche, alors que Patricia dormait, le jardinier lui a collé un coussin sur la tête.