Cergy, Service central de renseignement criminel du Pôle judiciaire de la gendarmerie nationale. Dans un dédale de couloirs d’un blanc clinique s’affairent les gardiens des grands fichiers, celui des personnes recherchées, celui des empreintes digitales, des auteurs d’infractions terroristes… L’adjudant-chef Laurent Vadebeaux, allure athlétique, regard clair, coupe en brosse, chemise bleue réglementaire, conduit à son bureau. Et lance son ordinateur. Carte. Code. Accès à TAJ validé. TAJ ? Le fichier de traitement d’antécédents judiciaires. Un fichier, commun à la police et la gendarmerie, qui aligne des chiffres impressionnants : plus de 99 millions d’affaires répertoriées, environ 16 millions de fiches de personnes mises en cause, comprenant environ 5,9 millions de photos de face. Énorme ? « Les individus ne sont pas fusionnés. Et on a des clients fidèles qui apparaissent plusieurs fois. Jusqu’à cinquante fois… », tempère l’adjudant-chef Laurent Vadebeaux, le big boss du département du fichier d’antécédents judiciaires (de l’administration à la supervision des données) côté gendarmerie.
Il nous présente une photo qui a fait l’objet d’investigations dans une affaire criminelle : dans le jargon, on parle d’une « photo-question ». Sur le cliché, un type sapé comme jamais. Il porte une chemise noire avec des têtes de chien : des huskies. À ses côtés, un animateur de Fun Radio, Bruno Guillon. Celui de l’émission Bruno dans la radio. Une fête à Johnny ? Même pas.