La mobilisation contre la réforme ferroviaire dure depuis plus d’un mois, mais les syndicats de cheminots veulent croire qu’elle n’en est encore qu’à ses débuts. La grève par intermittence a en quelque sorte ralenti le calendrier du conflit social. Lors d’une assemblée générale gare de Lyon, à Paris, un délégué syndical de l’Unsa Ferroviaire théorisait ainsi cette étrange distorsion chronologique : « Le système des “deux jours sur cinq” a permis de tenir à peu près un mois de grève au coût d’une grosse semaine. Il faut donc considérer qu’on en est seulement à la fin de la première semaine de grève. Or, on sait qu’il ne s’y passe jamais rien. C’est dans la deuxième que les choses commencent à bouger. On y arrive. » Autrement dit, les prochains jours s’annoncent décisifs pour tenter de faire aboutir les revendications. Les cheminots s’essayent pour cela à de nouveaux modes d’action et cherchent à élargir le cercle de leurs soutiens.
Édouard Philippe a déjà accepté le 7 mai une rencontre avec les syndicats, ce qu’ils revendiquent comme une petite victoire. Certes, le Premier ministre ne compte revenir en rien sur la mort annoncée du statut des cheminots, l’ouverture à la concurrence et la transformation de la SNCF en une société anonyme. Autrement dit, les points les plus litigieux. Mais ces réunions ont été programmées « sous la pression des cheminots », ne cesse de répéter, avec une pointe d’orgueil, Laurent Brun, le secrétaire général de la CGT Cheminots.