Cheminots

Entrée à la SNCF en 1974 avec un BEP d’électromécanicien, Dominique Canu a suivi deux ans de formation pour pouvoir travailler à la signalisation. Un poste sensible : à l’époque, sa ligne, entre Aulnay-sous-Bois et Bondy, était traversée par une dizaine de passages à niveau. Pendant 28 ans, il a assuré des services d’astreinte, réveillé en pleine nuit par les aiguilleurs pour intervenir sur les voies après sa journée de travail. Nomade syndical, il est passé par la CGT, la CFDT, puis SUD Rail. En retraite depuis 2014, il préside l’amicale les locataires de la cité cheminote de Chelles et Brou-sur-Chantereine, en Seine-et-Marne, où il vit toujours.

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Père, oncle, frère, neveu… Edwige Mabillon vient d’une famille de cheminots. Originaire des Ardennes, elle a vécu, « le cœur brisé », la fermeture successive et définitive de deux boutiques SNCF en tant qu’agente commerciale. Elle travaille désormais au recrutement des futurs agents en charge des infrastructures, et s’inquiète que la fin annoncée du statut de cheminot dissuade un peu plus des vocations déjà peu nombreuses.

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« Jef », comme l’appellent ses collègues, a grandi dans l’Aisne. En 1984, un CAP de menuiserie en poche, il devient cheminot, comme son grand-père. À la gare de triage de Vaires-sur-Marne, il travaille à l’enrayage des wagons, devient ensuite agent de manœuvre, aiguilleur, agent commercial, formateur… Il milite treize ans à la CGT avant de rejoindre SUD Rail, qu’il représente aujourd’hui au comité d’entreprise.

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Des friches taguées de la Seine-Saint-Denis aux versants boisés de la vallée de Chevreuse, l’Île-de-France défile chaque jour derrière le pare-brise de Martin (c’est un pseudo). Ce quadra, entré à la SNCF il y a une vingtaine d’années, est conducteur de lignes RER et Transilien. Son maître-mot : la sécurité. Quand il transporte dans ses rames jusqu’à 2 000 passagers, il sent le poids de sa responsabilité.

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Diplômée de Polytechnique et des Ponts et chaussées, Élisabeth Borne trace depuis une trentaine d’années une carrière mi-« techno » mi-politique, faite d’allers-retours entre haute fonction publique et monde de l’entreprise. En 1987, elle intègre le ministère de l’Équipement. Les années suivantes, elle conseille Jack Lang à l’Éducation nationale et Lionel Jospin à Matignon. Puis sera successivement directrice des concessions chez Eiffage, préfète de Poitou-Charentes, directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’Écologie… À sa nomination comme ministre des Transports en mai 2017, elle était à la tête de la RATP. En première ligne face aux cheminots, Élisabeth Borne connaît bien la SNCF pour y avoir été directrice de la stratégie de 2002 à 2005.

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Valéry Vuong est entré à la SNCF en 2015, à la fusion de la compagnie avec Réseau ferré de France (RFF). Auparavant, il avait transité par Air Liquide et PSA. À 40 ans, il est coordinateur des grands projets et des travaux à la gare Saint-Lazare, à Paris. Un poste de cadre qui consiste à limiter l’impact de ces chambardements sur le trafic. Valéry Vuong ne travaille pas au « statut », mais comme contractuel en CDI de droit commun. Cela ne l’empêche pas de se présenter comme cheminot, un corps dont il dit partager les valeurs.

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Serge Fournet est entré à la SNCF sur le tard, à 52 ans, comme contractuel. Après une dizaine d’années d’intérim, il a accompli une bonne partie de sa carrière à l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, à la maintenance informatique. Il l’a quittée à la fermeture du site, en 2013. Avec une centaine de collègues, Serge Fournet a été reclassé dans la compagnie ferroviaire. Il travaille au « technicentre » de Noisy-le-Sec, dans l’équipe chargée de la surveillance des portes.

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Antoine (c’est un pseudo), la quarantaine, est entré à la SNCF au début des années 1990. Il forme la troisième génération de cheminots de sa famille. En début de carrière, il conduit des TER, des trains de marchandises, puis des TGV. Il s’est aujourd’hui spécialisé sur le fleuron maison et ses pointes à 320 km/h. Hostile à la réforme ferroviaire, il a toutefois cessé de faire grève, jugeant la mobilisation « vaine » face à la détermination du gouvernement.

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Guillaume Pepy vient de fêter ses dix ans à la tête de la compagnie ferroviaire. PDG de SNCF Mobilités et président du directoire du groupe SNCF, cet énarque est entré dans les lieux en 1988, avant des passages dans le privé et en cabinets ministériels. En 1997, il prend la direction des grandes lignes à la demande de Louis Gallois, puis grimpe les échelons jusqu’à sa nomination à la présidence, en 2008. Ses détracteurs s’étonnent que son règne ait survécu à l’accident mortel de Brétigny-sur-Orge, en 2013, symptomatique de la vétusté des lignes régionales. Après près de deux mois de grève contre la réforme ferroviaire, SUD Rail réclame aussi sa démission. Guillaume Pepy a fait savoir qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat et quitterait donc son poste en 2020.

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