La nouvelle direction d’Air France n’a pas réussi à éviter un nouveau bras de fer avec ses pilotes. Le SNPL (Syndicat national des pilotes en ligne), qui représente 65 % des voix du métier, a annoncé ce lundi 30 mai le résultat de son référendum interne demandant la possibilité de se lancer dans plus de six jours de grève. Avec 78 % de participation contre 50 % pour le dernier référendum
, précise la copilote Véronique Damon, les adhérents du SNPL ont choisi de répondre « oui » à 68 %. Cela ne signifie pas que la grève aura lieu. Mais cela donne quelques balles supplémentaires dans le chargeur des pilotes face à la direction. Car, de part et d’autre de la tranchée, on redoute une bataille qui ressemblerait à l’épisode noir de septembre 2014.
Pour comprendre l’imbroglio en cours, il faut avoir en tête les positions de chacun. La priorité de la direction, ce sont les économies. Les 4 000 pilotes coûtent cher, martelait Gilles Gateau dans l’interview accordée aux Jours (lire l’épisode 7, « “Le syndicat des pilotes prône le statu quo absolu” »). Le DRH cherche donc à réduire leur coût à l’heure de vol. Les pilotes, eux, sont opposés à toute baisse de rémunération. Le 10 mars dernier, les premières discussions avaient bien démarré. Les pilotes saluaient un changement de ton
. Sous-entendu : il y avait enfin de la considération. Gilles Gateau souhaitait éviter de procéder comme ses prédécesseurs à coups d’ultimatums. En à peine un mois, au début du mois d’avril, c’était déjà raté ! Le nouveau DRH en est venu à formuler, selon ses propres mots relayés dans la presse, une ultime proposition
. Bref… un ultimatum. Bilan : le SNPL qualifie auprès des Jours la démarche de blague
et, entre la direction d’Air France et ses pilotes, ça coince à nouveau.

Pourquoi ? La direction du SNPL a accepté de nous recevoir pour en discuter. À Roissy, autour de la table, Philippe Evain, le big boss, Véronique Damon, la secrétaire générale suivie durant cette enquête par Les Jours, et Emmanuel Mistrali, le porte-parole. Philippe Evain ressemble un peu au pilote tel qu’on l’imagine : verbe et dos bien droits, tête de fils de bonne famille et caractère de capitaine de bateau habitué à être seul maître à bord. Inutile de tourner autour du pot, le sujet sensible numéro un pour les pilotes, c’est la baisse de rémunération. À Air France, les pilotes gagnent en moyenne entre 5 000 et 20 000 euros par mois.