Xavier Broseta, le DRH d’Air France qui a perdu sa chemise le 5 octobre dernier, n’est plus là. Il a été remplacé par Gilles Gateau. Visage rond, verbe courtois et chemise bleu ciel, le nouveau directeur des ressources humaines nous a accordé un entretien sur le « dialogue social » à Air France, un intitulé dont il a la charge. Dans son bureau, sur un meuble, de petites jumelles permettent d’observer les pistes de Roissy au travers d’une baie vitrée. Il y avait plus d’avions Air France avant, ici
, lâche-t-il, le regard tourné vers une brochette d’avions orange de la compagnie Easy Jet. À côté des jumelles, une médaille en or frappée de l’inscription « Hôtel de Matignon » rappelle qu’il y a six mois encore il était le directeur adjoint du cabinet du Premier ministre, Manuel Valls. Gilles Gateau est arrivé après l’épisode de la chemise, mais sa nomination était actée plusieurs mois avant. Le nouveau DRH a hérité du dossier et s’est retrouvé, à peine arrivé, dans un bras de fer avec les pilotes, dont l’issue reste inconnue. Dans cet entretien, il revient notamment sur les rapports complexes avec le puissant syndicat des pilotes d’Air France.
Vous occupez le poste le plus médiatisé de l’année 2015 : DRH d’Air France. Quelle est la particularité du job par rapport à EDF où vous avez eu les mêmes responsabilités, de 2001 à 2006 ?
Depuis trois mois et demi que je suis dans ma fonction, j’ai eu le temps de voir des différences. Ce n’est pas la même industrie, pas non plus la même culture d’entreprise. Pas la même culture de relations sociales. Cependant, il y a beaucoup de points communs. Par exemple, chez Air France, il y a la culture de la sécurité des vols ; chez EDF, celle des installations nucléaires. Cela induit un certain profil, un certain mode de travail dans les équipes. Il y a une rigueur et une préoccupation pour la sécurité. Et puis, il y a des choses qui n’existent qu’à Air France ou dans les compagnies aériennes. Le monde navigant, c’est quelque chose de très très particulier.
Chez Air France, parce que c’est une occupation nomade, il n’y a pas un collectif de travail, il y a une corporation.
Dans quel sens ?
Cela ne ressemble à rien de ce que j’ai pu rencontrer ou connaître avant. Parce que c’est une occupation nomade, il n’y a pas un lieu de travail, ni vraiment un collectif de travail. Bon, c’est un petit peu moins vrai pour les PNC qui travaillent en équipe. Mais un pilote travaille avec un deuxième pilote, éventuellement un troisième ou un quatrième sur les vols très long-courriers, mais ce n’est jamais la même équipe.