Parfois, les histoires de start-up finissent mal. Ces derniers mois, un nom est devenu le symbole des échecs aussi spectaculaires que soudains : Take Eat Easy. Jusqu’au début de l’été 2016, cette jeune pousse spécialisée dans la livraison de repas à vélo était encore encensée par la presse « tech ». Du jour au lendemain, l’enthousiasme s’est dégonflé comme une bulle de savon. Place à un champ lexical anxiogène : investisseurs qui renoncent à soutenir la boîte, liquidateur judiciaire tentant de récupérer des actifs quasi inexistants pour faire face aux impayés, procédures aux prud’hommes d’anciens prestataires demandant leur requalification en CDI… Un retour brutal à la réalité, épilogue d’une fable cruelle dans un microcosme habitué à célébrer les succès.
À l’été 2012, quatre Belges d’une vingtaine d’années créent leur boîte. Un frère, une sœur et deux copains d’enfance, aux profils variés : ingénieur, diplômés en management ou en arts… Leur start-up met en relation restos, livreurs et clients qui commandent à domicile. C’est l’âge d’or de l’économie dite « collaborative », des plateformes de mise en relation entre professionnels et/ou particuliers, comme Uber et Airbnb. À l’époque, ces nouveaux venus ont bonne presse. On ne gâche pas encore l’ambiance en critiquant leur modèle à la limite de la légalité, leur concurrence déloyale ou la précarisation des travailleurs. C’est aussi le début de la folie « foodtech », le renouveau de la livraison de repas.