Je traverse à vélo Gennevilliers (Hauts-de-Seine), Saint-Denis, Stains et Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), puis Sarcelles (Val-d’Oise), banlieues populaires au nord de Paris. Sur le trajet, des grappes de piétons en tenue de fête remontent les rues et les avenues. Ils se saluent longuement, font des selfies, rigolent. Ce lundi 12 septembre, pour les quelque 600 000 musulmans de Seine-Saint-Denis débutaient les festivités de l’Aïd el-Kébir (ou Aïd el-Adha, la « fête du sacrifice »), comparables en importance à celles de Noël pour les chrétiens. À 9 heures du matin, une partie de ces croyants s’est rendue à la mosquée. J’arrive au champ de foire de Sarcelles, un vague terrain un peu excentré, coincé entre de grandes barres d’immeubles et des terrains de foot. Là, sous un chapiteau, un abattoir est installé à l’intérieur de trois conteneurs. Un millier de moutons vont y être tués en deux jours. En France, ils seront plus de 100 000 à être abattus, selon le ministère de l’Agriculture.
L’abattoir est ouvert, les gens voient leur mouton vivant et ils repartent huit minutes après avec la carcasse.
En juin dernier, le député-maire (PS) de la ville, François Pupponi, avait vanté cette installation devant la commission d’enquête sur les abattoirs : « Nous avons un abattoir mobile à Sarcelles depuis deux ans, qui fonctionne très bien. Au moment de l’Aïd, on tue 2 000 moutons en trois jours (le député en avait alors un peu rajouté, ndlr) au vu et au su de tout le monde, sous le contrôle des services vétérinaires. L’abattoir est ouvert, les gens voient leur mouton vivant et ils repartent huit minutes après avec la carcasse. Cela se passe à vingt minutes de Paris début septembre, je vous y invite pour une journée expérimentale. C’est propre, c’est contrôlé, tout le monde est content, ce n’est pas très cher et c’est très efficace. (…) Cela me paraît être une solution intelligente, peu coûteuse, efficace, respectueuse pour l’animal et pour l’hygiène. »