À Longyearbyen (Norvège)
La vieille voiture blanche flambe comme une torche dans la nuit polaire. Ce 13 décembre 2018, il est à peu près 15 h 30 et la piste de l’aéroport de Longyearbyen couverte de neige est quasi-déserte, plongée dans l’obscurité d’une journée sans étoiles, en plein hiver svalbardien. Les bourrasques charrient leur lot de flocons aveuglants, on distingue à peine les deux camions de pompiers jaune fluo qui arrivent en trombe dans un halo de poussière blanche, avant le coup de frein final à quelques mètres de l’endroit où nous nous trouvons. Dans leur sillage débarquent d’autres véhicules fluos, les rouges de la sécurité civile, les bleus de la police du pôle. Aux pompiers viennent s’ajouter d’autres experts en catastrophe. En un tournemain, un immense projecteur est monté et la nuit s’est soudainement allumée : un avion de touristes s’est écrasé sur le tarmac.
Tel est le scénario catastrophe imaginé par les autorités du Svalbard. Il est un peu plus de 16 heures et sur la piste, au milieu des rafales de neige, une quarantaine de secouristes s’affairent au chevet d’autant de faux blessés. À la tête des opérations : Anders Haugerud, devenu chef du service prévention de la police du Svalbard. La première fois que nous l’avions rencontré, il y a presque deux ans, il venait de prendre son poste dans le commissariat le plus au nord du monde (lire l’épisode 1, « Au Svalbard, un chaud polaire »). Depuis, l’athlétique fonctionnaire a gravi les échelons et gagné en assurance.