En octobre 1984, le journaliste spécialiste de politique étrangère du Baltimore Sun Henry Trewhitt osa demander lors du second débat présidentiel au sortant Ronald Reagan, alors âgé de 73 ans, s’il était capable de supporter la fatigue engendrée par une grande crise internationale, comme l’avait fait John Fitzgerald Kennedy en octobre 1962, dormant à peine pendant la crise des missiles de Cuba. Réponse : « Je ne ferai pas, pour des raisons politiques, de la jeunesse et de l’inexpérience de mon adversaire un thème de campagne. » La réplique, qui fit éclater de rire son adversaire démocrate Walter Mondale, 56 ans à l’époque, entra aussitôt dans l’histoire, scellant sa réélection. Mais la même question pourrait être posée aujourd’hui à Joe Biden, 79 ans depuis novembre, qui doit se confronter à la plus grande crise internationale connue par les États-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001.
L’invasion militaire de l’Ukraine, déclenchée ce jeudi par Vladimir Poutine, qui a déjà fait des dizaines de morts, est une violation inouïe du droit international. Le président russe a entrepris de redessiner à sa guise et par la force les frontières établies avec l’Ukraine à la fin de la guerre froide et déjà abîmées par l’annexion de la Crimée en 2014, puis la sécession des républiques prorusses de Donetsk et Lougansk en 2015. Mais c’est aussi un défi lancé aux États-Unis, que Vladimir Poutine rend responsable tout à la fois de l’éloignement politique de l’Ukraine