Le 8 septembre 1974, s’adressant à la nation états-unienne, le Président nouvellement investi Gerald Ford annonce qu’il décide de gracier son prédécesseur, Richard Nixon, de toutes les charges pouvant être retenues à l’avenir contre lui par la justice fédérale dans le scandale du Watergate. Cette décision si contestée – Gerald Ford n’avait-il pas été élevé à la vice-présidence par le choix du seul Richard Nixon et non par les électeurs en novembre 1972 ? – est motivée entre autres par sa volonté de ne plus déchirer la nation quant à d’éventuelles poursuites pénales, pour la première fois, contre un ancien président. Près de cinquante ans plus tard, le procureur démocrate de Manhattan Alvin Bragg n’a pas ces pudeurs et franchit ce pas historique, en inculpant pour la première fois au pénal un ancien président des États-Unis, en la personne de Donald Trump.
Comme le pressentait Gerald Ford en 1974, le choc politique et médiatique dans l’opinion est immense. Chaînes d’information en continu en boucle sur le sujet, unes fracassantes des grands quotidiens, cette nouvelle avanie judiciaire de Donald Trump – qui détient déjà un autre précédent historique avec ses deux procédures d’impeachment subies en 2020 et en 2021 – passionne la nation. Le speaker de la Chambre des représentants, et troisième personnage de l’État, le conservateur