Le 31 mars 1968, des millions d’Américains rassemblés devant leur téléviseur sont saisis de stupeur. Devant leurs yeux, le président Lyndon Baines Johnson (dit « LBJ »), qui a succédé presque cinq ans plus tôt au défunt John Fitzgerald Kennedy dans les circonstances dramatiques de l’attentat de Dallas, annonce de façon impromptue depuis la Maison-Blanche son retrait de sa campagne de réélection. Pour se concentrer sur les mois restants de son mandat, dit-il. Épuisé et éreinté par la guerre du Viêtnam, dans laquelle il a imprudemment jeté les États-Unis en août 1964, LBJ apparaît à ses concitoyens comme un homme au bout de son long parcours politique. Ce moment de télévision, qui a beaucoup marqué les Américains encore en vie pour le raconter, est la seule comparaison historique pouvant servir à mesurer l’amplitude du séisme politique déclenché par le retrait de la candidature de Joe Biden, ce dimanche 21 juillet vers 13 h 45 heure de Washington.
![Lyndon Johnson renonce](/ressources/image/ep31-retrait-joe-biden-img-1.jpeg)
La comparaison est cependant bien incomplète. Car le président Johnson se retire en 1968 à la suite du désaveu infligé par les électeurs démocrates et indépendants lors de la première primaire du New Hampshire, remportée de justesse devant un inconnu, le sénateur du Minnesota Eugene McCarthy (aucun lien avec Joseph), ancien du renseignement militaire lors de la Seconde Guerre mondiale devenu un inattendu champion de la jeunesse pacifiste.