De Nikko (Japon)
Dans le quartier résidentiel de Takumicho, des voix d’hommes s’élèvent à quelques mètres du Turtle Inn. Des cris d’encouragement de plus en plus forts, de plus en plus nombreux. Ils sont une vingtaine à s’être rassemblés sous la chaleur de ce mois de juillet 2020, devant un « kura », une bâtisse traditionnelle en briques qui sert d’entrepôt. Les habitants, en majorité des personnes âgées, sortent des maisons qu’ils ne quittent presque jamais.
Il faut dire que chaque « matsuri » est un événement. Ces traditionnels festivals de l’été honorent les dieux du shintoïsme lors d’une grande fête, qui est surtout l’occasion pour les Japonais de se retrouver. À Takumicho, c’est comme si la vie reprenait en un instant. Des enfants rient aux éclats, aspergés par un tuyau d’arrosage, pendant que les voisins préparent les fûts de bière. Au cœur des festivités, les hommes du quartier ont déjà enfilé leur costume : une sorte de kimono blanc et un « hachimaki », le bandeau traditionnel bien serré autour de la tête comme symbole de détermination et de courage. Dans quelques minutes, ils porteront sur leurs épaules le « mikoshi », un petit sanctuaire qui abrite une divinité shinto. Parmi eux, se trouve l’hôtelier du Turtle Inn. Il est le dernier à avoir vu Tiphaine Véron juste avant sa disparition, le 29 juillet 2018 (lire l’épisode 1, « 29 juillet 2018, Tiphaine Véron s’efface »).
L’homme au physique athlétique, la soixantaine, est un acteur de la vie locale.